Compte-rendu de la rencontre du 9 janvier 2003

avec le président du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques

à propos de la dénomination

du collège Léon Bérard de St-Palais

 

Comme prévu, la délégation de notre collège (un représentant du personnel enseignant et d'éducation, une représentante du personnel administratif et de service, et une représentante de l'association des parents d'élèves) a été reçue à l'Hôtel du Département, à Pau, jeudi 9 janvier à 16H.

M. Jean-Jacques Lasserre, président du  Conseil général, était accompagné de M. Alain del Alamo, chargé de la Direction de l'éducation, de la culture et des sports.

Nous avons remis à nos deux hôtes un dossier soutenant notre démarche.

 

Rapidement, la discussion s'est focalisée sur deux points: la véracité du rapport de Léon Bérard sur le Statut des juifs et, deuxième point, les responsabilités personnelles de Léon Bérard.

 

Sur le rapport incriminé, M.del Alamo a cru bon de mettre en doute l'authenticité de ce rapport et même son existence.

Nous avons souligné que ce rapport, publié dès 1946, avait été cité et commenté par des historiens ayant travaillé sur la période des "années noires" ( Jacques Duquesne, Jean Chelini, Pierre Arette-Lendresse et Henri Amouroux). Nos deux interlocuteurs, s'ils ont répété qu'ils avaient interrogé des historiens, ne nous ont présenté aucun rapport écrit de ces consultations. Remettre en cause ce rapport serait donc, en l'absence de nouveaux éléments, glisser sur la pente inacceptable du « révisionnisme ». Le président du Conseil général s’est alors empressé, après cette observation, d'aborder le point des responsabilités personnelles de Léon Bérard. Simple émissaire ou homme engagé dans le statut discriminatoire des Juifs ?

 

En ce qui nous nous concerne, Léon Bérard a accepté le poste d'ambassadeur de Vichy au même moment où d'autres hommes, d'autres femmes, s’engageaient dans la Résistance. Fait plus grave, Léon Bérard, qui connaissait le poids des mots parce qu'il était académicien, a conclu son rapport adressé au Maréchal Pétain, par cette phrase lourde de sens : « il ne nous sera intenté nulle querelle pour le statut des juifs. » Ce « nous » est  terrible parce qu'il associe pleinement et définitivement Léon Bérard à la politique antisémite de Vichy.

Le président du Conseil général a préféré décliner de longues digressions sur les difficultés humaines de la période. Et puis il y a ces rues dans le département qui portent le nom de Léon Bérard et notamment une avenue à Pau, le « cours Léon Bérard ». Tout ceci pour mettre en avant ses doutes quant à la décision à prendre.

 

La messe était dite. Le Conseil général ne se prononcera pas en faveur du changement de dénomination du collège.

Entre les lignes, nous avons pu percevoir le principe de la solidarité du sérail. Un président du Conseil général ne désavoue pas ses pairs. Léon Bérard était président du Conseil général. Une plaque le rappelle…Place de la Déportation (sic !) à Pau. Frantz Duboscq était président du Conseil général: c'est lui qui a œuvré pour que le collège porte ce nom dont nous ne voulons plus.

 

M. Jean-Jacques Lasserre ne veut pas désavouer ses prédécesseurs. Voilà, en fait, le fond de l'affaire.

 

Nous avons quitté nos interlocuteurs en leur confirmant notre détermination à poursuivre notre démarche.

Nous avons aussi rappelé que notre collège est engagé dans le devoir de mémoire. De multiples circulaires nous demandent de nous y consacrer et cela nous semble normal si nous voulons que nos jeunes connaissent le passé et que les erreurs du passé ne se reproduisent pas. Deux de nos élèves ont été récompensés l'an dernier en recevant les 2ème et 3ème prix départementaux du Concours National de la Résistance et de la Déportation et notre collège s'est même vu attribuer un prix pour la plus forte participation des établissements, en pourcentage, à ce concours.

Il y a donc là, entre ce devoir de mémoire auquel nous répondons et l'appellation déshonorante du collège qui nous est infligée, une contradiction insoutenable.

 

Contradiction insoutenable que refuse de voir le président du Conseil général.

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