Guy Môquet et Léon Bérard

au service de la mémoire ?

 

Guy Môquet et Léon Bérard … qui aurait l’idée saugrenue de vouloir associer ces deux personnages ? L’un est mort en 1941, à dix-sept ans, sous les balles nazies pour son engagement au parti communiste. L’autre est mort en 1960, à quatre-vingt-quatre ans, en ayant réussi à faire oublier son engagement anti-juif au service du maréchal Pétain.

Pourquoi l’hommage à Guy Môquet ?

L’initiative du président de la République de commémorer le souvenir de Guy Môquet dans les lycées a suscité un intéressant débat sur les usages et les « mésusages » de la mémoire. Elle aura aussi placé en porte-à-faux nombre d’enseignants tiraillés entre le refus de valider une injonction présidentielle non dénuée d’arrière-pensées politiciennes et la lecture de la lettre émouvante d’ « un jeune homme de dix-sept ans qui donne sa vie à la France … » (M. Sarkozy).

Il n’aura pas échappé à certains que l’hommage ainsi rendu à la jeunesse résistante de la période des « années noires » (1940-1944) occulte la collaboration du régime de Vichy avec les nazis. Ce tour de passe-passe, s’il ravit idéologiquement des courants politiques qui n’ont pas envie que l’on revienne sur une période durant laquelle ils se sont perdus, ne nous a pas surpris. 

Pourquoi l’hommage à Léon Bérard ?

Cela fait six ans que le collège de Saint-Palais (P-A) réclame l’abandon de sa dénomination « Léon Bérard ». Que ce personnage ait accepté, en tant qu’ambassadeur du  maréchal Pétain auprès du Vatican, de défendre les mesures discriminatoires contre les Juifs, arrêtées à Vichy en octobre 1940 puis durcies en juin 1941, ne choque pas le Conseil général des P-A et son président M. J.J.-Lasserre. Que Léon Bérard ait été, à la Libération, condamné par contumace à dix ans d’inéligibilité laisse sans voix et sans réaction le chef de file de M. J.J. Lasserre, l’ex-présidentiable M. F. Bayrou. Quant à l’opposition socialiste du Conseil général, elle consulte ses historiens …

Vive l’Union sacrée !

Le chef de l’exécutif, s’il recherchait l’Union sacrée autour de la figure de Guy Môquet, n’a pas à s’inquiéter de l’état d’esprit des Pyrénées-Atlantiques. L’Union sacrée y est indéfectible pour défendre la mémoire de Vichy et de sa politique antisémite.

Pas d'inquiétude non plus du côté de l'Éducation nationale qui, généreuse et consensuelle, est  capable d’associer hommage à un jeune résistant et honneur rendu à un soutier de l’antisémitisme vichyssois.

 

Robert Garat, président de l’association Gogoan

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St-Palais, le 18 octobre 2007

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